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Ils donnent la mort: Les médecins canadiens révèlent ce qu'ils ressentent

Dernière mise à jour : 2 juil.


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Dans leur article MAiD as human connection: Stories and metaphors of physician providers’ existential lived experience, Rosanne Beuthin et Anne Bruce, toutes deux de l’université de Victoria en Colombie-Britannique (Canada), proposent une exploration inédite de ce que ressentent les médecins qui pratiquent l’aide médicale à mourir (AMM).  Elles ont analysé les récits de huit médecins ayant réalisé entre 12 et 113 AMM en utilisant une approche phénoménologique.


La notion de connexion humaine revient de manière récurrente

La première grande thématique dégagée est celle de l’AMM en tant que connexion humaine. Plusieurs médecins décrivent une présence authentique, intensifiée au moment de l’injection létale. L’une affirme : « Vous êtes là au moment de la mort et c'est très, très puissant. » Une autre mentionne avoir ressenti « un sentiment profond de privilège et de connexion. » Certains vont jusqu’à évoquer un moment sacré. Ce vocabulaire suggère une forme de transcendance relationnelle, qui dépasse la procédure pour devenir un moment existentiel d’engagement total.


Des métaphores chargées d’émotion… et d’ambiguïté

Les récits des médecins regorgent de métaphores positives : cadeau, voyage, honneur, libération. Selon Beuthin et Bruce, ces métaphores ne sont pas neutres. Elles écrivent : « Les métaphores, tout en aidant les médecins à donner un sens à l'expérience, révèlent également comment les récits peuvent façonner le sens moral d'une manière qui peut obscurcir les complexités éthiques. » Autrement dit, le récit peut devenir un refuge symbolique, où l’intensité du lien remplace la réflexion morale. La métaphore rassure, cependant, elle peut aussi évacuer le doute.


Peu de traces de conflit intérieur ou d’ambivalence

Un aspect de l’étude est la rareté des expressions de doute ou de conflit éthique. Les récits sont empreints de paix, de gratitude, parfois même de valeurs personnelles renforcées. Cela peut traduire une profonde cohérence intérieure, mais aussi une forme d’intégration d’un acte irréversible. Quand l’AMM devient une scène de reconnaissance mutuelle entre le médecin et la famille, le geste de provoquer la mort peut sembler disparaître derrière le récit relationnel.


Conclusion

L’étude de Beuthin et Bruce nous permet d’écouter les voix de ceux qui ont choisi de pratiquer l’aide médicale à mourir. Elle montre que ces médecins cherchent à agir avec humanité, présence et respect. Mais elle nous oblige aussi à poser une question difficile : le fait de ressentir une connexion sincère suffit-il à justifier moralement un geste létal ?

 
 
 

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